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Fantasme

«Queer» de Luca Guadagnino, descente d’orgasmes

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LGBT +dossier
Le cinéaste italien rate son adaptation du trip à l’ayahuasca autobiographique de William S. Burroughs, transformant l’inspiration clinique de l’auteur en imageries glamours.
Daniel Craig bof. (Yannis Drakoulidis /Pan Distribution)
publié le 25 février 2025 à 10h00

Queer est l’adaptation hollywoodienne, par l’Italien Luca Guadagnino, du Queer de William S. Burroughs : manuscrit autobiographique de 1952 (suite directe de son premier livre Junky, récit avec héroïne), publié par son auteur seulement en 1985. Il raconte la rencontre, dans un Mexique désincarné, de son alter ego Lee (joué par l’ex-Bond Daniel Craig : une idée) avec Eugene Allerton (transposé d’un certain Lewis Marker, interprété par Drew Starkey), soit un garçon plus jeune, plus ou moins hétéro, qu’il désire sans trop de retour, et leur voyage en Amérique du Sud à la recherche du yage, autre nom de l’ayahuasca, auquel le récit prête des pouvoirs télépathiques.

S’abandonner au film en oubliant le livre ? On aura du mal. La queerness de Queer le roman était intégralement clinique et négative, chant – en forme de rapport – du dégoût insecte, amibe, de soi. Or on sait que Guadagnino ne sait bien faire qu’une chose, il glamourise, sexualise, c’est son opération. Cherche la séduction et veut le résultat. Le sujet de Burroughs, le manque (de drogue, de sexe, d’amour, de sens) ne concerne pas vraiment le cinéaste, homme de plénitude, de décharge – on se souvient de la pêche de